L’impact environnemental de ChatGPT : une évaluation de son empreinte en électricité, eau, minéraux et émissions de CO2
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EN BREF
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L’utilisation de ChatGPT, un outil d’intelligence artificielle générative, suscite des inquiétudes concernant son impact environnemental. Cet article évalue son empreinte à travers quatre axes principaux : la consommation d’électricité, l’usage de l’eau, l’extraction de minéraux et les émissions de CO2. La croissance rapide de l’IA entraîne une demande énergétique de plus en plus importante, avec des prévisions inquiétantes portant sur une augmentation significative de la consommation d’électricité dans les années à venir. De plus, la production de composants nécessaires au fonctionnement des modèles d’IA nécessite des ressources en eau et en minéraux, impactant sévèrement l’environnement, notamment par la pollution et la déforestation. Enfin, l’empreinte carbone de ChatGPT augmente avec le temps, exacerbée par le passage à des modèles plus performants, ce qui représente un défi majeur pour la durabilité écologique.
Depuis son lancement, ChatGPT a su conquérir des millions d’utilisateurs à travers le monde, devenant un outil quotidien pour une multitude de tâches allant de la création de contenu à l’assistance personnelle. Cependant, derrière cette interface conviviale se cache une réalité préoccupante : l’impact environnemental de cette technologie, qui mérite une attention particulière. Cet article examine la consommation d’électricité, d’eau, les besoins en minéraux et les émissions de CO2 générées par l’utilisation de ChatGPT, tout en décrivant les conséquences environnementales qui y sont associées. En évaluant ces différents aspects, il devient crucial de prendre du recul et de réfléchir à l’avenir de l’intelligence artificielle et de son intégration dans notre quotidien.
Une consommation électrique qui monte en flèche
L’une des principales préoccupations concernant l’intelligence artificielle en général, et ChatGPT en particulier, concerne sa forte consommation d’électricité. En effet, cette technologie est alimentée par une infrastructure informatique complexe qui nécessite une quantité significative d’énergie pour fonctionner. L’impact énergétique est particulièrement variable en fonction de la source d’électricité utilisée pour alimenter les centres de données qui hébergent ces modèles. Par exemple, l’empreinte carbone sera beaucoup plus faible en France, où la majorité de l’électricité est décarbonée, comparée aux États-Unis, où cette énergie est encore largement issue de sources fossiles.
Selon des analyses, l’intelligence artificielle représente actuellement environ 10 à 20 % de l’électricité utilisée dans les centres de données, un pourcentage qui pourrait grimper jusqu’à 70 % dans les années à venir. D’ici 2027, certaines prévisions estiment que l’IA générative pourrait consommer autant d’électricité que l’Espagne a produit en 2022. Cela témoigne d’une croissance exponentielle de l’utilisation de l’énergie liée à ces technologies émergentes.
Des modèles assoiffés
La nature gourmande de ChatGPT ne se limite pas seulement à l’électricité. Les modèles d’intelligence artificielle, y compris ChatGPT, sont également très `gourmands en eau`. La production des composants matériels nécessaires au fonctionnement de ces modèles ainsi que le refroidissement des serveurs nécessitent une quantité considérable d’eau. Une étude récente a révélé que ChatGPT-3 pouvait consommer jusqu’à 50 centilitres d’eau pour quelques dizaines de requêtes. Si l’on prend en compte le nombre incroyable de requêtes passées chaque jour, cela soulève des inquiétudes quant à la durabilité de cette consommation.
Des besoins en minéraux
Pour fonctionner, les outils d’intelligence artificielle, tels que ChatGPT, nécessitent des composants fabriqués à partir de minéraux précieux, notamment le cuivre, le lithium et le cobalt. L’extraction de ces ressources minérales engendre souvent des conséquences environnementales désastreuses, comme la pollution de l’eau, la déforestation et des violations des droits de l’homme dans les pays où ces matériaux sont extraits. Les besoins croissants en ces ressources posent la question de la compétition pour leur utilisation, en particulier dans des secteurs critiques de la transition énergétique, tels que la fabrication de voitures électriques ou la production d’énergies renouvelables.
Une empreinte carbone de plus en plus conséquente
L’empreinte CO2 de ChatGPT est une autre préoccupation majeure. En utilisant un comparateur développé par des experts en impact environnemental, une seule conversation avec ChatGPT-4 émet environ 272 grammes d’équivalent CO2. Pour quelqu’un qui interagirait dix fois par jour avec le modèle, cela représenterait près d’une tonne d’équivalent CO2 en un an. Ce chiffre est particulièrement alarmant, car il équivaut à la moitié de l’empreinte annuelle de carbone recommandée par l’Accord de Paris pour chaque individu pour éviter un réchauffement climatique excessif.
À mesure que la technologie évolue, l’impact environnemental s’aggrave également. ChatGPT-4, par exemple, émet cent fois plus de CO2 que son prédécesseur, ChatGPT-3.5. Cela ne fait qu’accentuer le débat sur la manière dont ces avancées technologiques affectent notre environnement, tout en posant des questions sur le passage à des versions plus récentes et énergivores.
Problème : un usage normalisé au quotidien
De plus, l’adoption généralisée de ChatGPT soulève des préoccupations selon lesquelles son utilisation pourrait être biaisée. Beaucoup d’utilisateurs ont tendance à préférer ChatGPT à des moteurs de recherche tels que Google, même pour des demandes simples. Or, une requête sur ChatGPT consomme entre six et dix fois plus d’énergie qu’une recherche traditionnelle sur Internet. Ce changement dans le comportement de consommation peut entraîner une augmentation significative de la demande énergétique liée à l’intelligence artificielle.
Il est crucial de sensibiliser les utilisateurs à l’impact concret de leurs choix. Si leur prise de conscience était accrue, l’utilisation de ChatGPT pourrait devenir plus responsable et consciente des enjeux environnementaux qui l’entourent. Mais cette prise de conscience est d’autant plus difficile à réaliser que les impacts sont invisibles et détachés de l’expérience utilisateur immédiate.
Conflits d’usage et renoncements
Le besoin croissant en électricité associé à l’IA pourrait potentiellement créer des conflits d’usage critiques, freinant ainsi la transition énergétique nécessaire. Lou Welgryn, experte en IA, souligne que la demande d’électricité liée à l’IA va probablement doubler d’ici 2030, un rythme qui dépasse la capacité de développement des énergies renouvelables. Cette situation soulève des questions éthiques sur les choix énergétiques des entreprises de technologie, qui peuvent décider d’utiliser de l’électricité propre tout en ignorant les besoins critiques des autres secteurs.
La vigueur de la croissance du secteur de l’IA fragilise également les ambitions climatiques de grandes entreprises. Par exemple, entre 2020 et 2024, les émissions de CO2 de Microsoft ont augmenté de 30 %, tandis que Google a enregistré une hausse de 48 % de son bilan carbone sur la même période. Ces hausses sont directement attribuables à un usage accru de l’IA dans leur infrastructure, ce qui devrait inciter à réfléchir sur la durabilité des opérations technologiques sous-jacentes.
L’IA, un outil «qui dope notre monde carboné»
En matière de progrès technologique, il est important d’évaluer non seulement les modèles d’IA eux-mêmes, mais aussi ce qu’ils rendent possible. L’IA a le potentiel d’accélérer la production dans des secteurs déjà polluants, aggravant ainsi notre empreinte carbone. Lou Welgryn souligne que devenir plus efficace dans un monde dominé par le carbone contribue à l’émission de davantage de CO2, illustrant la nécessité de penser à l’impact net de ces technologies.
Les perspectives d’avenir : un usage plus respectueux de l’environnement
Malgré ces défis, il est essentiel de reconnaître que l’intelligence artificielle peut également offrir des avantages, notamment en matière d’optimisation des ressources et d’amélioration de la modélisation climatique. Cependant, cela ne justifie pas l’absence de mesures proactives pour comprendre et minimiser l’impact environnemental. En effet, il serait pertinent d’instaurer une sorte de DPE (diagnostic de performance énergétique) pour les modèles d’intelligence artificielle, afin d’inciter les entreprises à améliorer leur empreinte écologique et à orienter les utilisateurs vers des choix plus durables.
Au fur et à mesure que la technologie progresse, il devient de moins en moins viable de négliger son impact environnemental. L’avenir de l’intelligence artificielle doit s’inscrire dans une approche de durabilité, garantissant que les innovations apportées ne se font pas aux dépens de notre environnement. Les entreprises et les utilisateurs ont tous deux un rôle crucial à jouer dans cette dynamique, rendant indispensable de réfléchir à nos choix technologiques et à leurs répercussions sur notre planète.
Témoignages sur l’impact environnemental de ChatGPT
« En prenant conscience de l’impact de notre utilisation de ChatGPT, j’ai commencé à réfléchir aux alternatives. Saviez-vous que chaque requête peut entraîner jusqu’à272 grammes d’équivalent CO2? Cela me fait hésiter à l’utiliser pour des questions triviales. »
« En tant qu’ingénieur en énergie renouvelable, je suis très préoccupé par l’empreinte énergétique que génère l’intelligence artificielle. Les prévisions indiquent que d’ici 2027, la consommation électrique de l’IA pourrait égaler celle d’un pays entier. C’est un avertissement qui devrait tous nous interpeller. »
« J’ai récemment lu qu’une seule session avec ChatGPT pouvait consommer des ressources en eau considérables. Avec la crise de l’eau qui frappe de nombreuses régions, cela me semble irresponsable de continuer à l’utiliser pour des tâches que l’on pouvait accomplir autrement. »
« Il est choquant de découvrir que l’extraction des minéraux nécessaires pour les serveurs de l’IA entraîne des problèmes tels que la déforestation et la pollution des eaux. Il est temps que les géants de la tech prennent des mesures concrètes pour rendre leurs activités plus durables. »
« Je comprends les avantages de l’IA, ma principale inquiétude demeure son impact environnemental. Avec des émissions de CO2 qui augmentent en raison de son usage partagé, j’espère que les entreprises développeront des modèles plus verts et responsables. »
« L’idée d’un diagnostic de performance énergétique pour les modèles d’IA me paraît essentielle. Cela pourrait aider les utilisateurs à faire des choix éclairés et à réduire notre empreinte collective. Reconnaître l’impact environnemental de nos choix numériques est un pas crucial vers un futur durable. »



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