En 2024, la diminution des émissions de carbone en France montre un léger ralentissement
EN BREF
En 2024, la diminution des émissions de carbone en France présente des signes de ralentissement. Alors que les émissions avaient chuté de 5,8 % en 2023, le bilan du troisième trimestre de 2024 indique une légère hausse de 0,5 % par rapport à l’année précédente, notamment en raison des secteurs du bâtiment et des transports. Malgré une diminution de 2,4 % sur les neuf premiers mois, ce chiffre est inférieur à la baisse de 6 % enregistrée l’année précédente. Les autorités soulignent qu’il est crucial de rester mobilisées pour maintenir la trajectoire de réduction des émissions afin d’atteindre les objectifs de décarbonation.
En 2024, la tendance à la baisse des émissions de carbone en France, amorcée l’année précédente, montre des signes de ralentissement. Alors que 2023 avait enregistré une baisse significative, les données du Citepa révèlent une légère augmentation des émissions au troisième trimestre, en particulier dans les secteurs du bâtiment et des transports. Cet article explore les raisons de ce ralentissement, les secteurs concernés, ainsi que les perspectives pour les années à venir.
État des lieux des émissions de gaz à effet de serre
Au cours de l’année 2023, la France avait constaté une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre de 5,8 % par rapport à 2022. Cependant, en 2024, les signaux sont mitigés. Après une réduction respectivement de 5 % et 2,2 % lors des deux premiers trimestres, le troisième trimestre a vu une montée des émissions de 0,5 % d’une année sur l’autre.
En comptabilisant l’ensemble mais sans intégrer les puits de carbone, un recul de 2,4 % est observé sur les neuf premiers mois. À titre de comparaison, la même période de 2023 avait enregistré une réduction plus marquée de 6 %. Cela suggère que, bien que l’effort de réduction continue, le rythme de cette diminution commence à faiblir.
Ralentissement des efforts de décarbonation
Le ralentissement actuel pourrait être interprété comme une alerte sur la nécessité de maintenir les efforts en matière de décarbonation. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a souligné que ce ralentissement ne doit pas inciter à la complaisance. En dépit de cette accalmie, la France reste sur une trajectoire correctrice pour atteindre son objectif d’une réduction de 55 % de ses émissions de carbone d’ici 2030.
Les données actuelles, bien qu’encore provisoires, montrent une tendance sur douze mois de -3,1 %, ce qui reste encourageant même si cela n’égale pas les efforts passés. Les puits de carbone, jouant un rôle essentiel dans cette dynamique, n’ont pas été intégrés dans les derniers relevés, soulignant l’importance de ces éléments dans toute stratégie climatique.
Analyse par secteur : montée des émissions dans le bâtiment et les transports
L’un des points marquants de cette tendance est la hausse des émissions dans deux secteurs clés : le bâtiment et les transports. Bien que l’industrie et la production d’énergie contribuent toujours à diminuer les émissions avec une baisse respective de 12,9 %, les autres secteurs, notamment le bâtiment, affichent un rebond inquiétant.
Concernant les transports, une augmentation de 1,1 % des émissions de trafic routier a été constatée, mettant en exergue un changement dans les comportements de déplacement. La ministre a également insisté sur la nécessité de promouvoir l’utilisation de véhicules électriques au sein des entreprises, qui achètent actuellement bien moins que les ménages.
Impact du secteur du bâtiment
Le secteur du bâtiment est particulièrement problématique, avec une hausse alarmante de 11,8 % des émissions au troisième trimestre 2024. Ce pic est largement attribué à la demande accrue de chauffage dans les bâtiments résidentiels et tertiaires, notamment en septembre où les températures ont nécessité un recours intensifié aux énergies fossiles pour le chauffage.
Ce constat pose la question des stratégies mises en place pour améliorer l’efficacité énergétique de ces bâtiments. La transition vers des solutions de chauffage plus durables et renouvelables est fondamentale pour inverser cette tendance.
Situation encourageante dans le transport aérien et l’industrie
En revanche, d’autres secteurs montrent des signes positifs. Le transport aérien intérieur enregistre une diminution de ses émissions de 4,1 % au troisième trimestre, poursuivant la tendance de baisse déjà amorcée en 2023. Cela illustre une volonté croissante de réduire l’impact environnemental des déplacements aériens.
L’industrie manufacturière, quant à elle, continue de voir une baisse de ses émissions, même si ce déclin semble s’essouffler, avec une réduction de 1,3 % au troisième trimestre, en recul par rapport aux 2,8 % du trimestre précédent.
État de l’agriculture
Le constat est moins tranché pour l’agriculture. Selon le Citepa, l’évolution des émissions de cette catégorie reste partielle, mais une quasi-stagnation des émissions (+0,3 %) suggère que le secteur doit aussi considérer des options durables pour contribuer à la réduction globale des gaz à effet de serre.
Maintenir la trajectoire de décarbonation
Pour répondre aux défis actuel et à la nécessité de continuer sur la voie de la décarbonation, il est crucial que tous les secteurs s’engagent à adopter des mesures proactives. Le Citepa insiste sur l’importance d’une dynamique collective afin de garantir que la réduction des émissions de carbone reste en bonne voie, conformément aux objectifs établis par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
La trajectoire de réduction de 4,7 % par an, tout en visant à atteindre une cible approximative de 270 millions de tonnes d’équivalent CO2 (CO2e) en 2030, exige une concertation étroite entre l’État, les entreprises et la société civile.
Alignement avec les objectifs européens
La France est engagée vers un objectif européen de diminuer ses émissions de 55 % d’ici 2030, par rapport à 1990. Pour maintenir le cap, des initiatives telles que l’augmentation de l’efficacité énergétique, l’adoption de sources d’énergie renouvelables et la mise en place de politiques publiques favorables sont indispensables.
Chacune de ces actions doit non seulement impliquer des efforts concertés, mais également un effet de levier pour renforcer l’adhésion des citoyens aux pratiques durables au quotidien. La sensibilisation à la réduction des émissions est primordiale et les entreprises ont un rôle clé à jouer dans cette transition.
Alors que les résultats actuels montrent un léger ralentissement de la baisse des émissions de carbone en France, il est essentiel de considérer ce phénomène comme une opportunité pour intensifier les efforts de décarbonation. La collaboration entre les différentes parties prenantes, l’innovation en matière d’énergie et la sensibilisation des citoyens se révèlent primordiales pour parvenir à un avenir durable et respectueux de l’environnement.
Témoignages sur le ralentissement des émissions de carbone en France en 2024
Jean, un habitant d’une grande métropole, exprime son inquiétude face aux nouvelles tendances. « En 2022, nous avons remarqué des améliorations significatives dans la réduction de notre empreinte carbone. Mais entendre que ce progrès faiblit en 2024 m’inquiète. Il est essentiel que nous ne perdions pas notre élan dans la lutte contre le changement climatique », déclare-t-il.
Claire, une responsable de la durabilité dans une entreprise de construction, partage une perspective différente. « Le secteur du bâtiment est sous pression pour réduire ses émissions, et je me rends compte que nos efforts portent leurs fruits. Cependant, une augmentation de 11,8 % des émissions au troisième trimestre est préoccupante. Nous devons impérativement revoir nos stratégies », dit-elle.
Pour Lucas, un jeune entrepreneur dans le domaine des transports écologiques, la situation représente à la fois un défi et une opportunité. « Même si les émissions des transports augmentent, il y a une réelle demande pour des solutions plus vertes. Je crois que les entreprises doivent adopter des véhicules électriques et renouveler leur flotte. Notre avenir dépend de cette transition », explique-t-il.
Marie, une militante écologiste, est plutôt pragmatique. « Le ralentissement des progrès nous rappelle que la route est longue et semée d’embûches. Chaque citoyen doit prendre conscience de son empreinte carbone et agir. La sensibilisation est la clé pour inverser cette tendance », souligne-t-elle.
Antoine, un chercheur en climatologie, apporte des éléments factuels à la discussion. « Bien que nous constations un ralentissement, il est important de garder à l’esprit que la tendance globale sur douze mois reste positive. Nous pouvons toujours atteindre nos objectifs, mais il va falloir intensifier nos actions », affirme-t-il.
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