EN BREF

  • Colloque CDEFM sur la mobilité internationale et la transition écologique.
  • Séjour international obligatoire de 4 à 6 mois pour les étudiants en école de commerce.
  • Enjeux : réduction des émissions de gaz à effet de serre et problème de tourisme académique.
  • 50 à 80% du bilan carbone lié aux mobilités des écoles de commerce.
  • Mobilités responsables à explorer : choix de destination, mode de transport, durée.
  • Importance de la capacité de faire société dans un contexte multiculturel.
  • Réflexion nécessaire sur les modalités de mobilité et l’impact collectif.
  • Liberté personnelle vs liberté collective : un équilibre à trouver.
  • Rethinking definition of international experience for students unwilling or unable to travel abroad.

Lors d’un colloque organisé par la CDEFM, les directeurs des écoles de commerce ont discuté des défis liés à la mobilité internationale face à la transition environnementale. La nécessité d’une ouverture au monde et d’une expérience enrichissante est mise en avant, mais les récentes prises de conscience écologiques complexifient ce choix. L’obligation d’un savoir-faire international de quatre à six mois est remise en question, surtout dans un contexte d’engagement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les écoles cherchent des solutions pour allier voyages responsables et réduction d’empreinte carbone, tout en réfléchissant à un modèle éducatif qui ne soit pas uniquement basé sur la mobilité physique mais qui soit aussi transformant pour l’étudiant.

Les écoles de commerce se trouvent à la croisée des chemins entre la nécessité d’une internationalisation croissante et les enjeux environnementaux pressants auxquels le monde fait face. Dans le cadre de leur formation, ces établissements sont appelés à former des diplômés non seulement compétents sur le plan économique et commercial, mais également conscients des défis environnementaux. L’objectif est de créer un équilibre entre l’ouverture à l’international, l’enrichissement des étudiants à travers des expériences diverses et une approche responsable face aux crises écologiques. Cet article explore les divers aspects de cette dynamique, les défis rencontrés et les solutions potentielles à envisager.

Les enjeux immédiats de la mobilité internationale

Dans le cadre des écoles de commerce, la mobilité internationale est souvent perçue comme une composante essentielle de la formation. Cela inclut généralement un séjour à l’étranger, ce qui permet aux étudiants d’acquérir des compétences multiculturelles et professionnelles. Cependant, les récentes crises, notamment celle due à la pandémie, ainsi que l’importance croissante accordée aux enjeux écologiques, ont posé de nouvelles questions sur la manière de concevoir ces mobilités.

Lors d’un colloque organisé par la CDEFM (Conférence des directeurs des écoles françaises de management), les représentants des écoles ont souligné la nécessité de repenser les destinations et les modalités de ces séjours à l’étranger. Le risque de tourisme académique apparaît comme une menace à mesure que certains étudiants partent uniquement pour le prestige d’une destination sans réel engagement sur le terrain. Les écoles doivent s’assurer que ces expériences soient véritablement transformantes et bénéfiques pour les étudiants, et non simplement des vacances prolongées.

Les impacts environnementaux de la mobilité

Il est regardé avec attention que 50 à 80% du bilan carbone des écoles de commerce proviennent des mobilités à l’étranger, selon des experts comme Maud Chassande de l’Essec. Ce constat met en lumière la contradiction entre l’ouverture à l’international et les engagements des établissements à réduire leur empreinte écologique. L’enjeu est alors de trouver un moyen de maintenir ces mobilités tout en limitant leur impact sur l’environnement.

Par conséquent, des initiatives commencent à voir le jour pour concilier ces deux impératifs. Par exemple, certaines écoles tentent d’encourager des mobilités plus locales ou régionales, privilégiant des échanges avec des institutions proches géographiquement, accessibles par train ou d’autres modes de transport moins polluants. De plus, les établissements explorent des partenariats pour des échanges virtuels, permettant ainsi d’enrichir l’expérience internationale sans devoir voyager.

Réflexions sur les alternatives à la mobilité

Au-delà de la simple question de la distance parcourue, il est crucial de réfléchir à la définition même de la mobilité internationale. Peut-elle se réduire au seul fait de voyager ? Ou peut-elle également inclure d’autres formes d’internationalisation, comme des programmes en ligne ou des projets collaboratifs avec des étudiants d’autres pays, même sans déplacements physiques ?

Les dispositifs proposés par certaines écoles, comme les travaux de groupe entre étudiants d’horizons divers, pourraient offrir une solution. Ces initiatives permettraient de toucher à l’internationalisation sans les coûts environnementaux liés à des voyages fréquents. En effet, comme l’indique Scott G. Blair, la mobilité devrait être considérée comme l’un des nombreux moyens d’internationalisation et non comme le seul chemin possible.

Repenser l’expérience internationale des étudiants

Il est impératif que les écoles de commerce ne se contentent pas de proposer des séjours à l’étranger, mais qu’elles s’efforcent de rendre ces expériences réellement enrichissantes et durables. Cela nécessite de sensibiliser les étudiants à l’impact de leurs voyages et de les inciter à comprendre non seulement les cultures mais également les enjeux sociaux et environnementaux des pays qu’ils visitent.

Isabelle Jauny, directrice de Skema, souligne l’importance de former les étudiants avant, pendant et après leur séjour. Pour ce faire, des ateliers de sensibilisation peuvent être mis en place, abordant des thèmes comme le respect des ressources locales et l’impact social de leurs actions. Cela participera à la transformation de l’étudiant en un acteur conscient et responsable.

Équilibrer liberté individuelle et responsabilité collective

Un autre aspect à considérer dans cette dynamique entre internationalisation et environnement est la notion de liberté personnelle. Les directeurs d’école ont exprimé des préoccupations éthiques face à d’éventuelles restrictions imposées sur les mobilités. Pour certains, cette liberté de choisir de partir à l’étranger constitue une expérience indispensable qui façonne l’étudiant. Les écoles doivent veiller à ce que cette liberté soit tempérée par une conscience collective des responsabilités que chaque étudiant a envers la planète.

Il est également essentiel de discuter de l’égalité d’accès à ces opportunités. En effet, pour certains étudiants, les coûts financiers représentent un frein pour partir. Les écoles pourraient envisager des bourses ou des programmes de financement pour permettre à tous les étudiants de bénéficier de ces expériences internationales sans désavantage économique.

Créer des modèles pédagogiques inclusifs

La transformation des programmes d’études pour inclure des valeurs écologiques et citoyennes est une nécessité. Les écoles doivent s’engager à intégrer des modules dédiés aux défis environnementaux et sociétaux dans leurs cursus. Cela peut passer par des cours spécialisés ou des projets concrets réalisés dans le cadre de partenariats avec des ONG ou des entreprises engagées dans des démarches durables.

De plus, l’établissement de collaborations avec des institutions inspirantes à l’étranger peut permettre de partager les bonnes pratiques en matière de responsabilité sociale et environnementale. Par exemple, des échanges de bonnes pratiques avec des écoles expérimentées pourraient enrichir les étudiants tout en abordant des sujets décisifs comme le changement climatique ou les inégalités sociales.

L’importance du retour d’expérience

Une fois leur séjour terminé, il est crucial d’organiser des séminaires de retour d’expérience où les étudiants peuvent partager leurs vécus, leurs apprentissages mais aussi les impacts qu’ils ont observés, tant sur le plan personnel que collectif. Ces retours d’expérience sont précieux pour les académies qui pourront ainsi ajuster leurs programmes et leurs approches.

Ces séminaires peuvent également inciter les étudiants à s’engager dans des actions concrètes pour leur communauté, en mettant en œuvre des projets inspirés par leurs découvertes à l’étranger. Cela permettra de créer un effet boule de neige, où un étudiant inspiré par son expérience mènera d’autres dans des initiatives favorisant une prise de conscience collective.

Dans un monde de plus en plus connecté, les écoles de commerce sont tenues d’équilibrer l’internationalisation et les enjeux environnementaux. Les défis sont nombreux, mais des pistes de réflexion émergent pour concilier ces impératifs en formant des citoyens conscients et responsables. Par l’intégration de pédagogies inclusives, la valorisation des expériences internationales et l’ouverture sur le monde tout en respectant l’environnement, ces institutions d’enseignement supérieur peuvent façonner un avenir durable.

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Témoignages sur l’internationalisation et les enjeux environnementaux dans les écoles de commerce

Lors d’une récente rencontre entre les directeurs d’écoles de commerce, de nombreux témoignages ont émergé concernant les défis d’allier mobilité internationale et responsabilité environnementale. Un directeur a souligné que l’ouverture au monde est essentielle pour les étudiants, mais que cela doit se faire avec une conscience écologique. Il a expliqué : « Nous devons penser à l’impact de ces mobilités sur notre planète et intégrer cette dimension dans nos programmes. »

Une responsable de programme a également noté : « Nos étudiants souhaitent partir à l’étranger, mais nous avons remarqué une véritable prise de conscience des enjeux écologiques, surtout depuis la crise sanitaire. Ils s’interrogent sur la nécessité d’un voyage de plusieurs milliers de kilomètres, et certains privilégient des destinations plus proches. »

Un autre intervenant a témoigné des efforts réalisés dans son établissement pour redéfinir le concept de mobilité. « Nous envisageons des alternatives à la mobilité traditionnelle. Plutôt que d’envoyer des groupes d’étudiants sur des sites éloignés, nous cherchons des partenariats locaux qui permettent aux étudiants d’interagir avec d’autres cultures tout en réduisant leur empreinte carbone. »

Une étudiante d’une école de commerce a partagé son expérience : « J’ai réalisé que ma première expérience à l’étranger a changé ma perspective. Cependant, je m’inquiète des ressources naturelles gaspillées lors de ces voyages, comme l’avion. Je pense qu’il est crucial de promouvoir des séjours à l’étranger qui soient véritablement enrichissants et à faible impact. » Elle a appelé ses camarades à faire des choix plus éclairés concernant leur mobilité.

Enfin, un membre du corps professoral a insisté sur l’importance d’éduquer les étudiants sur leur impact environnemental pendant leurs déplacements. « Nous ne devons pas seulement leur donner l’opportunité de partir, mais aussi les préparer à comprendre les enjeux associés à chaque destination. Cela inclut le respect des cultures et des ressources locales. » Cela reflète une volonté croissante des écoles de commerce de se positionner comme des acteurs responsables dans la formation de leaders conscients des enjeux globaux.