EN BREF

  • 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture.
  • 60 % de ces émissions agricoles sont dues à l’élevage.
  • Principaux gaz à effet de serre impliqués : méthane, protoxyde d’azote, et gaz carbonique.
  • Le méthane est 28 fois plus réchauffant que le CO2, mais a une durée de vie plus courte dans l’atmosphère.
  • La recherche se concentre sur la réduction des émissions par des pratiques améliorées et alimentaires.
  • Évaluations des services environnementaux apportés par l’élevage extensif.
  • Importance des prairies pour le stockage de carbone et la biodiversité.
  • Nouveaux outils pour optimiser l’alimentation animale afin de réduire l’impact carbone.
  • Stratégies de neutralité carbone de l’Union Européenne et de la France d’ici 2050.

L’élevage est responsable d’environ 14 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial, dont 60 % proviennent de l’élevage. Les principaux gaz concernés sont le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et le dioxyde de carbone (CO2). Le méthane, avec un pouvoir de réchauffement bien supérieur à celui du CO2, représente 45 % des émissions de GES de l’agriculture en France. Des efforts sont en cours pour réduire ces émissions, notamment à travers des stratégies alimentaires optimisées et la recherche génétique. Les systèmes d’élevage extensifs, les prairies et l’utilisation d’aliments à faible bilan carbone sont autant de leviers identifiés pour atténuer l’impact environnemental de l’élevage, tout en maintenant des services essentiels pour les écosystèmes et la biodiversité.

L’élevage joue un rôle crucial dans notre système alimentaire, mais il est aussi un contributeur majeur aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Avec environ 14 % des émissions mondiales de GES attribuées à l’agriculture, dont 60 % proviennent de l’élevage, l’impact environnemental de cette industrie est conséquent. Cet article propose une analyse détaillée du bilan carbone de l’élevage, explore les différents gaz impliqués, ainsi que des stratégies et solutions pour réduire ces impacts néfastes sur notre climat.

Les principales émissions de GES liées à l’élevage

Les émissions de GES dans l’élevage proviennent de plusieurs sources. Les trois gaz les plus concernés sont : le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et le dioxyde de carbone (CO2). Chacun de ces gaz présente différentes origines et impacts.

Méthane : un gaz à effet de serre puissant

Le méthane est responsable de 16 % des émissions mondiales de ce gaz, notamment en raison des fermentations digestives chez les ruminants ainsi que des effluents animaux. Avec un pouvoir de réchauffement global environ 28 fois supérior en comparaison au CO2, sa persistance dans l’atmosphère est toutefois plus courte, passant en moyenne de 10 ans. Cette caractéristique souligne l’importance d’agir rapidement pour réduire sa production. En Europe, des efforts ont été entrepris pour diminuer ces émissions, avec une baisse de 39 % constatée entre 1990 et 2020, mais au niveau mondial, les concentrations de méthane continuent d’augmenter, suivant le scénario climatique le plus pessimiste du GIEC.

Protoxyde d’azote et dioxyde de carbone

Le protoxyde d’azote est principalement associé à l’utilisation d’engrais, qu’ils soient de synthèse ou organiques. Quant au dioxyde de carbone, les principales sources incluent les transports nécessaires à l’élevage, ainsi que la gestion énergétique des bâtiments et des machines agricoles. Les émissions indirectes provenant de l’alimentation animale représentent également un facteur non négligeable, en particulier lorsque les matières premières sont importées de pays avec des normes environnementales plus laxistes.

Les spécificités des différentes filières d’élevage

Les différents types d’élevage, qu’il s’agisse de volailles, de porcs ou de ruminants, présentent des profils d’émissions variés. Sur le graphique ci-dessous, on peut observer que l’alimentation des volailles et des porcs peut représenter de 50 à 85 % des émissions de GES associées à leur élevage, alors que pour les ruminants, cette proportion est moins élevée, car beaucoup d’entre eux consomment aussi de l’herbe.

L’impact de l’alimentation

L’alimentation animale agit comme un levier crucial pour la réduction des émissions de GES. En effet, la production de fourrages et de coproduits constitue une partie importante du bilan carbone des différentes filières. C’est pourquoi l’optimisation de l’alimentation, avec l’intégration de nutriments à faible impact environnemental, est primordiale. De plus, l’utilisation d’outils tels qu’Ecoalim, développé par l’INRAE, permet d’évaluer et d’optimiser le bilan carbone en fonction des ressources disponibles.

Stratégies de réduction des émissions de GES

Face à l’urgence climatique, plusieurs stratégies ont été mises en place pour réduire l’empreinte carbone de l’élevage. Cela inclut des recherches sur l’amélioration génétique des animaux, des adaptations dans l’alimentation et dans la gestion des troupeaux. Le programme METHANE 2030 lancé en 2023 ambitionne, par exemple, de réduire de 30 % les émissions de méthane des élevages bovins sur une période de 10 ans.

Optimisation de la gestion des effluents

Les effluents d’élevage représentent également une source importante d’émissions, notamment à travers l’excès d’azote qui peut contaminer les eaux. La gestion et le traitement des effluents sont donc des axes clés pour atténuer cet impact. La mise en place de techniques de réduction des fuites d’azote et de valorisation des matières organiques peut également jouer un rôle central.

Pratiques d’élevage durable

La sélection de races d’animaux à faible émission de GES, l’introduction de pratiques de rotation des cultures avec l’élevage, ainsi que le développement de systèmes d’élevage extensif peuvent également réduire l’impact environnemental. Les prairies permanentes, par exemple, peuvent stocker jusqu’à 85 t de carbone par hectare, tout en soutenant une biodiversité essentielle pour des écosystèmes résilients.

Élevage extensif et préservation des écosystèmes

Une approche plus durable à travers des systèmes d’élevage extensif permet de valoriser des terrains peu cultivables tout en participant au maintien de la biodiversité. Les prairies, par exemple, jouent un rôle essentiel dans le stockage de carbone et la conservation des terres. Le pâturage, lorsqu’il est bien géré, peut même contribuer à enrichir ce stock de carbone, tout en permettant aux agriculteurs de disposer d’un atout économique.

Les services environnementaux

Les prairies offrent de nombreux services environnementaux : fertilisation naturelle des sols grâce au passage des animaux, régulation de l’eau, et habitat pour une biodiversité variée. Ainsi, maintenir des prairies par un élevage raisonné est non seulement bénéfique pour l’environnement mais également vital pour les communs d’élevage.

Perspectives d’évolution de l’élevage

La transition vers des pratiques d’élevage plus durables et moins émettrices de GES est en marche, mais elle nécessite des efforts conjoints de la part des chercheurs, des éleveurs, des industriels et des gouvernements. Diverses initiatives, tant au niveau national que européen, visent à établir des normes de durabilité en agriculture.

Le cadre réglementaire

Les plans de neutralité carbone de l’Union Européenne et de la France incluent des politiques visant une réduction nette des émissions de GES à zéro d’ici 2050. Parallèlement, il convient de mettre en lumière les efforts en matière de recherche et d’innovation, notamment en épigénétique, pour permettre d’obtenir des animaux plus résilients et moins polluants.

La nécessité d’une valorisation

Pour que l’élevage durable trouve son essor, il est essentiel de valoriser les services environnementaux liés à ces pratiques, qu’ils soient économiques ou écologiques. Des initiatives pour rémunérer ces services pourraient cela aider les éleveurs à opérer la transition vers des systèmes moins polluants. En effet, la rémunération des pratiques durables doit être intégrée dans les politiques agricoles pour générer une dynamique plus favorable vers un élevage écologiquement responsable.

Le bilan carbone de l’élevage est un enjeu majeur face aux défis environnementaux actuels. Les efforts nécessaires pour atténuer les impacts négatifs sur le climat incluent non seulement une meilleure gestion des ressources et des effluents, mais également une transformation des pratiques agricoles vers des systèmes plus durables. Ces actions, menées dans un cadre réglementaire clair et soutenues par la recherche, offriront des voies prometteuses pour un élevage respectueux de l’environnement.

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Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) provenant de l’agriculture sont estimées à 14%, avec une proportion alarmante de 60% attribuée à l’élevage. Cette contribution importante s’explique principalement par trois gaz ayant un impact significatif sur le réchauffement climatique : le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et le dioxide de carbone (CO2).

Le méthane, émis lors de la digestion des ruminants et à partir des effluents, contribue à 16% des émissions mondiales de ce gaz, possédant un pouvoir de réchauffement global environ 28 fois supérieur à celui du CO2. Bien que des efforts aient été faits pour réduire ces émissions, principalement en Europe où une diminution de 39% a été observée entre 1990 et 2020, la concentration de méthane dans l’atmosphère continue d’augmenter, évoluant vers des scénarios pessimistes pour le climat.

Des initiatives sont mises en place, comme les stratégies nationales visant à atteindre une neutralité carbone d’ici 2050. En France, la 3e Stratégie nationale bas-carbone ambitionne de réduire les émissions tout en préservant les stocks de carbone dans les sols. Un aspect important est le rôle des systèmes d’élevage extensifs qui contribuent à la biodiversité et au stockage de carbone grâce à la gestion de prairies permanentes.

L’alimentation des animaux est un autre point critique. Les ruminants qui consomment principalement de l’herbe ont un bilan GES moins défavorable par rapport aux volatiles et porcs, pour lesquels l’alimentation représente 50 à 85% de leurs émissions. Les recherches visent à réduire l’intensité des émissions en adaptant les pratiques d’élevage, telles que la sélection génétique et l’alimentation responsable.

La réduction des émissions de méthane, représentant près de 45% des GES agricoles en France, est une priorité. Le programme METHANE 2030, doté de 11 millions d’euros, cherche à diminuer de 30% les émissions de méthane dans les filières bovines d’ici dix ans, en s’appuyant sur une démarche multi-leviers.

La question des animaux improductifs, comme les poussins mâles issus de poules pondeuses, souligne l’inefficacité actuelle de certaines pratiques. Des méthodes comme l’ovosexage visent à valoriser ces animaux, tout en réduisant leur impact environnemental. De même, l’optimisation de la carrière productive des bovins à travers une sélection génétique accrue pourrait également aider à diminuer les émissions de GES.

Enfin, la valorisation des prairies dans un système de bouclage des cycles biogéochimiques est essentielle. Bien que l’élevage émette des GES, il joue aussi un rôle crucial dans la fertilisation des sols, principalement en cycles naturels. Toutefois, la spécialisation excessive des régions conduit à des déséquilibres, avec une surproduction d’effluents qui polluent les nappes phréatiques et dégradent les écosystèmes.